Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie
Des entrepreneurs forestiers plus jeunes et plus positifs

30 novembre, 2022  par Guillaume Roy



Les entrepreneurs forestiers du Québec ont pris un coup de jeune, alors que la moyenne d’âge est désormais de 48 ans, soit 5 ans de moins qu’en 2009. Ils sont aussi plus positifs pour l’avenir, car 39 % d’entre eux souhaitent faire croître leur entreprise. Ces données font partie des faits saillants du Portrait des entrepreneurs forestiers du Québec 2020-2021, dévoilés la semaine dernière, lors du colloque annuel de ForêtCompétences.

Les entrepreneurs forestiers sont plus jeunes qu’auparavant, alors que 45 % d’entre eux ont 44 ans et moins, dont 15 % entre 18 et 34 ans. En 2009, seulement 3 % des entrepreneurs forestiers avaient moins de 34 ans.

« La relève est bien présente et elle est là pour le long terme », souligne Luc Lebel, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, qui a piloté l’étude avec Jean-Michel Beaudoin, en partenariat avec ForêtCompétences, le Comité sectoriel de main-d’œuvre en aménagement forestier. « C’est une très bonne nouvelle pour l’industrie », ajoute-t-il.

Au total, 206 entrepreneurs forestiers, dont 170 qui font la récolte de bois, ont participé à l'étude.

Au total, 206 entrepreneurs forestiers, dont 170 qui font la récolte de bois, ont participé à l’étude qui évaluait aussi les entrepreneurs de voirie, de transport et de travaux sylvicoles non commerciaux, comme le reboisement et le débroussaillage.

Advertisement

En 2006 et en 2009, des études similaires avaient été réalisées, explique Luc Lebel, ce qui permet de faire des comparaisons. « Après l’enquête de 2009, on avait fait des prévisions, notamment celle que les entrepreneurs forestiers deviendraient à nouveau en forte demande et qu’ils devraient assumer plus de tâches et de responsabilités, dit-il. Et c’est ce qui est arrivé. »

Il est important de rappeler que l’industrie était dans un creux qui a perduré durant plusieurs années, à l’époque, alors que l’industrie du bois d’œuvre a connu des prix records en 2021. Ces prix sont toutefois le résultat d’une tendance lourde alors que la construction résidentielle aux États-Unis est en hausse depuis plusieurs années.

L’industrie était dans un creux qui a perduré durant plusieurs années, à l’époque, alors que l’industrie du bois d’œuvre a connu des prix records en 2021.

« Les entrepreneurs représentent une ressource rare et les entrepreneurs forestiers sont encore plus rares », souligne Luc Lebel. Il y a quelques années, l’industrie craignait de vivre une pénurie d’entrepreneurs forestiers, mais c’est finalement la pénurie d’opérateurs qui l’a précédé et qui frappe à l’heure actuelle.

Les entrepreneurs sont plus jeunes et plus optimistes ; 70 % d’entre eux pensent encore être présents dans l’industrie dans 5 ans, contre 48 % en 2009. Seulement 11 % estiment fermer et vendre l’entreprise pendant cette période et un autre 11 % ne vise pas de changement.

De vrais entrepreneurs

À une certaine époque, plusieurs personnes ne considéraient pas les entrepreneurs forestiers comme de vrais entrepreneurs, relate Luc Lebel. « On les qualifiait d’entrepreneurs déguisés, parce qu’ils n’avaient qu’un seul client », dit-il. Le portrait des entrepreneurs forestiers vient faire mentir ce mythe, car les données confirment qu’ils sont de réels entrepreneurs dirigeants.

Les entrepreneurs forestiers sont plus jeunes qu’auparavant, alors que 45 % d’entre eux ont 44 ans et moins, dont 15 % entre 18 et 34 ans.

Une forte proportion, soit 39 %, aimerait faire croître leur entreprise dans le domaine forestier, alors que 37 % souhaitent agrandir l’entreprise à l’extérieur du domaine forestier. « C’est un signe positif que le développement entrepreneurial est en santé », estime Luc Lebel.

« Cet optimisme reflète un effet de rareté, ajoute-t-il. La population entrepreneuriale est plus jeune et si on n’est pas optimiste à 40 ans, on ne le sera jamais. »

Le niveau de satisfaction envers leur client principal est aussi très élevé, car 78 % des entrepreneurs se montrent satisfaits ou très satisfaits de cette relation. « Ça vaut la peine d’être dit parce que c’est une relation d’affaires où les gens se respectent », note Luc Lebel. En 2009, ce taux était de 63 %, ce qui signifie que les relations se sont améliorées depuis.

Les entrepreneurs sont plus jeunes et plus optimistes ; 70 % d’entre eux pensent encore être présents dans l’industrie dans 5 ans, contre 48 % en 2009.

Des défis importants

Comme partout ailleurs, l’industrie forestière est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre. Pour 68 % des entrepreneurs forestiers, le manque d’employés qualifiés représente le plus grand problème, alors que 40 % sont inquiets pour l’avenir de l’exploitation forestière. Le poste le plus recherché est celui d’opérateur d’abatteuse multifonctionnelle.

« Les entrepreneurs sont jeunes, motivés et optimistes, note Luc Lebel. Ils ont confiance en l’avenir et ils veulent faire grossir leur entreprise, mais ils doivent trouver des individus pour conduire les machines, alors que c’est très dur d’être compétitif pour attirer des jeunes dans le secteur forestier. »

Les autochtones encore peu présents

Parmi les 206 entrepreneurs qui ont répondu au sondage, on retrouve seulement neuf entrepreneurs autochtones. « C’est relativement peu et on les retrouve davantage dans le secteur non commercial qu’en récolte », remarque Luc Lebel. De plus, 95 % des entreprises forestières ne comptent aucun employé autochtone et 97 % n’ont pas d’employés immigrés. Ce bassin de main-d’œuvre pourrait faire partie de la solution pour combler, en partie du moins, la pénurie de main-d’œuvre, estime ce dernier.

Selon l’étude, « le Saguenay-Lac-Saint-Jean est la seule région comportant plus d’entrepreneurs forestiers y résidant que d’entrepreneurs ayant déclaré réaliser des travaux dans cette région ».

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean : une pépinière d’entrepreneurs forestiers

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean demeure une pépinière d’entrepreneurs forestiers, car c’est une des rares régions à exporter des entrepreneurs dans d’autres régions du Québec, notamment en Mauricie et sur la Côte-Nord.

Seulement 6 % des entrepreneurs forestiers qui ont répondu au sondage lancé pour dresser le Portrait des entrepreneurs forestiers du Québec habitent en Mauricie, alors que 19 % des entrepreneurs y travaillent.

Sur la Côte-Nord, on compte 2 % d’entrepreneurs locaux, alors que 9 % y travaillent. Dans une moindre mesure, des observations similaires ont été constatées en Estrie, en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec.

Selon l’étude, « le Saguenay-Lac-Saint-Jean est la seule région comportant plus d’entrepreneurs forestiers y résidant que d’entrepreneurs ayant déclaré réaliser des travaux dans cette région », peut-on lire dans l’étude.

« Le Saguenay-Lac-Saint-Jean est encore une région majeure pour l’entrepreneuriat forestier, remarque Luc Lebel. C’est une pépinière d’entrepreneurs pour le Québec. »


Imprimer cette page

Advertisement

Stories continue below